Une des questions clés qui taraude les penseurs populaires est d’où viennent les bonnes idées ?
« Eurêka » – en grec, j’ai trouvé – voilà le cri d’Archimède lorsqu’il put répondre à une énigme que lui posait le poids d’or d’une couronne, alors qu’il était dans sa baignoire. Ce résultat soudain n’est pourtant pas le fruit du hasard. C’est, au contraire, le produit d’une idée qui a mûri au fil des ans. Mais d’où viennent, plus généralement, les idées brillantes ? Voilà ce à quoi s’intéresse le livre de Steve Johnson « Where Good Ideas Comes From » – à savoir d’où viennent les bonnes idées, question à laquelle il a réfléchi 5 années durant, non sur le plan neurologique mais sur le plan social.
Voici un petit aperçu de ce qui est dit dans la vidéo au superbe graphisme, animée afin rendre les thèses de l’ouvrage plus accessibles
- Il n’y a pas d’environnement spécifique où naissent les bonnes idéesAprès avoir réfléchi aux différents environnements dans lesquels émanaient les bonnes idées, S. Johnson est est arrivé à la conclusion suivante : il n’y a pas d’endroit favorable, les idées innovatives surviennent après une lente maturation, processus du « slow hunch », intuition lente. C’est le cas de Tim Berners et son système innovant de classification de données informatiques (10 ans de recherches pour une organisation claire de ses propres données). En bref, l’idée requiert une période d’incubation.
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Les bonnes idées naissent de l’échange
L’invariant qui rassemble les bonnes idées n’est donc pas celui d’un lieu. S. Johnson est parvenu à une toute autre conclusion : la créativité et l’innovation sont dues à la rencontre avec l’autre, et il faut, comme le disait si finement Montaigne dans ses Essais, „frotter et limer sa cervelle à celle des autres“. L’idée innovative est le fruit de l’entrée en collision de deux esprits qui se complètent et s’apportent mutuellement les morceaux d’un puzzle manquant. En témoignent les périodes les plus fructueuses de l’histoire comme les Lumières : c’est l’émergence des cafés qui permis que de nouvelles idées se propagent via les discussions des grands esprits dans ses nouveaux lieux de rencontre dans la lignée habermassienne (in L’espace public : archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise) expliquant que ces cafés sont l’un des facteurs majeurs de l’émergence des Lumières en Europe. - L’Internet, en tant que lieu d’échange, est propice à l’innovation et la créativitéCela nous amène à interroger la position récente qui voit dans l’Internet un outil qui nuirait à nos capacités de concentration, faisant de nous des hommes à tâches variables, incapables de rester fixés sur un travail de longue haleine. Or, S. Johson prône, au contraire, que cette variété est féconde et permet de nous offrir les connexions nécessaires pour parvenir à construire nos idées et les faire arriver à maturation. Certes, l’argument de la distraction peut toujours être invoqué, cependant, il n’en demeure pas moins vrai qu’il existait déjà du divertissement bien avant l’Internet. Et pour ce qui est de l’argument selon lequel l’Internet tuerait le livre et donc la lecture, il est aisé de répondre que l’Internet est le lieu de la lecture
( vidéo en anglais)